Tunisie – Saïd Aïdi épinglé par le chef du gouvernement

  Tunisie – Saïd Aïdi épinglé par le chef du gouvernement



Saïd Aïdi, notre très élégant ministre de la santé, vient de se faire épingler par son boss, le chef du gouvernement Habib Essid, qui n’a pas hésité à lui remonter les bretelles, et de belle manière, à l’occasion de leur visite, ensemble, ce mercredi 21 octobre, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid. Visite au cours de la quelle, et au détour d’un chemin, Habib Essid décida d’opérer une virée du côté de l’hôpital régional de la ville, alors que cette visite n’était pas programmée à l’ordre du jour du déplacement, du moins, pas à la connaissance de Saïd Aïdi.
Pourtant, sur le papier, et au départ de Tunis, Saïd Aïdi était partant gagnant, avec une pile d’atouts en poche. Il partait, en effet, en compagnie de son patron à Sidi Bouzid, avec, dans la poche, une série de projets plus fous les uns que les autres, et dont il avait laissé à son supérieur la primeur de les annoncer aux citoyens de la région.
Il avait, dans son attaché case, le projet ficelé de transformer l’hôpital régional de Sidi Bouzid en hôpital universitaire, moyennant la bagatelle de sept milliards et demi. Comme il avait prévu l’annonce des projets de transformation de l’hôpital local de Meknessy en hôpital régional, de même que l’édification d’un service de chirurgie doté de deux salles d’opérations à Regueb, avec un autre vague projet concernant l’hôpital de Jelma, ainsi que l’octroi à la région de pas moins de 10 scanners et 11 ambulances.
De façon à ce que Saïd Aïdi jubilait d’avance de son succès assuré, suite à cette visite « fructueuse », qui sera très certainement, couronnée par les félicitations et le satisfécit du chef du gouvernement. Succès qu’il n’allait avoir aucune difficulté à faire exploiter médiatiquement, par son équipe de communication, dévouée dans l’amélioration de son image de marque, à coups de milliers de dinars.
Mais ce détour décidé, semble-t-il, à la dernière minute, par Habib Essid, par l’hôpital de Sidi Bouzid, est venu tout chambouler. D’abord, Essid a voulu lui démontrer qu’il n’était pas au courant de tout ce qui se passait dans les unités qu’il avait en charge. A témoin, les réclamations des gens, y compris le personnel exerçant à l’hôpital. Alors qu’il aurait du faire l’effort ne serait-ce que pour cette fois-ci, étant donné qu’il savait que son patron allait évoluer dans les parages. Ensuite il lui a signifié, d’une manière élégante, qu’il ne fournissait pas suffisamment d’efforts pour suivre, au détail près, la situation qui prévaut dans les régions reculées. Ensuite, il l’a quasiment sermonné en lui intimant l’ordre de prêter une attention particulière à la situation de Sidi Bouzid, et de programmer une visite dans la région pour y évaluer la réalité de la situation sanitaire, en élaborant une vraie stratégie qui se tient, pour promouvoir le secteur de la santé dans la région. Et en insistant qu’il ne devait plus se contenter de traiter les problèmes des hôpitaux, mais de plancher sur la situation sanitaire globale de la région.
Ces remarques ont eu l’effet d’une flagellation en public sur Saïd Aïdi, puisque son patron lui a signifié qu’il ne faisait pas comme il le fallait, son travail, contrairement à ce qu’il s’efforçait de montrer, en apparence, aux gens, et qu’il n’était même pas parvenu à dessiner une stratégie de promotion de la santé dans les zones prioritaires. De même qu’il n’avait pas l’approche qu’il fallait pour aborder les problèmes de la santé dans le pays. D’ailleurs, il aurait pu lui dire qu’au lieu de sa dizaine de scanners, et autant d’ambulances qu’il annonçait pour la région, il aurait mieux fait de trouver une solution radicale pour les tonnes de matériel médical de valeur qui y sont déjà installés et qui pourrissent sous des kilos de poussières inutilisés ou sous exploités, par manque de personnel qualifié pour le faire. Comme il aurait pu lui demander à quelle faculté de médecine allait-il rattacher un hôpital universitaire à Sidi Bouzid.